La solidarité, voilà ce qu' il faut impérativement
Depuis mars, des millions – littéralement
– d’immigrés ont manifesté pour réclamer le
droit de vivre et de travailler dans ce pays comme tout un chacun. Ce mouvement
a fait boule de neige après que la Chambre a approuvé le projet
de loi Sensenbrenner-King, vraiment draconien, censé punir de peines
très sévères toute personne découverte sans papiers
de même que ceux qui emploient ou aident ces illégaux. Bush est
descendu à pieds joints dans l’arène quand il est apparu
clairement que ce projet de loi n’aboutirait à rien.
Les immigrés sans papiers ont déjà eu la vie passablement
dure avant cette dernière attaque dont ils font l’objet, avec cette
menace de déportation qui leur pend au nez, même s’ils vivent
et travaillent ici depuis des années, s’ils sont forcés
d’accepter des boulots payés en dessous du minimum autorisé
ou s’ils travaillent au jour le jour, sans le moindre avantage ou la moindre
sécurité de quelque genre que ce soit.
De plus en plus, la droite de ce pays découvre que les travailleurs sont
très mécontents. Elle essaie de diriger cette colère vers
les immigrés. Dans le monde complètement déformé
de Pat Buchanan, de Lou Dobbs (CNN) et d’autres démagogues, s’il
y a un problème, ce n’est pas parce que les toutes-puissantes sociétés
connaissent une frénésie de licenciements et de détricotage
des salaires, des pensions et des soins de santé ; ce n’est pas
non plus parce que la pulsion incontrôlable de vouloir bâtir un
empire mondial, dirigé par les géants du pétrole, s’empare
avidement des centaines de milliards de USD destinés aux écoles,
aux hôpitaux et à l’ensemble des services publics.
Le mensonge qu' ils avancent, c’est parce que « des immigrés
illégaux prennent vos emplois et ne paient pas d’impôts ».
Les deux éléments de cette assertion sont absolument faux et mijotés
en vue de dresser les travailleurs les uns contre les autres. Ce sont les patrons
qui décident qui ils vont embaucher et qui ils vont licencier. Les patrons
capitalistes fouillent les moindres recoins du globe à la recherche d’endroits
où ils peuvent payer des salaires plus bas. Ils encouragent également
l’immigration quand ils ont besoin de main-d’œuvre ici –
mais privent délibérément les immigrés de leurs
droits, afin de les maintenir dans des conditions les empêchant de gagner
davantage.
Le plan de Bush concernant les « travailleurs immigrés »
vise précisément à favoriser cette politique. Il ferait
le bonheur des gens qui emploient des immigrés, main-d’œuvre
aux salaires excessivement bas qu' on peut ensuite renvoyer chez elle avant
même qu' elle ait l’occasion d’obtenir les droits des
citoyens de ce pays.
Voilà bien une recette pour assurer la pérennité des salaires
extrêmement bas. La seule façon d’en venir à bout,
c’est de construire une solidarité entre tous les travailleurs
qui, dès lors, pourront lutter ensemble contre ceux qui les escroquent
de leur moindre salaire.
Quant aux impôts, l’actuelle loi a été rédigée
de telle façon que les deux tiers des sans-papiers – soit 8 millions
sur les 12 millions qu' on estime présents aux États-Unis
– voient leurs impôts et taxéès déduits d’office de
leur enveloppe de paie.
Ceci, du fait que le Service interne des Revenus, depuis 1996, a suivi une politique
consistant à procurer des numéros d’identification aux travailleurs
démunis de papiers. Ces immigrés, qui ne peuvent accéder
à l’écrasante majorité des emplois sans ce numéro
d’identification, se voient « retenir automatiquement de leur feuille
de paie les taxéès de Sécurité sociale et de soins de santé
(Medicare). Puisque les travailleurs sans papiers n’ont que des immatriculations
fantaisistes, ils ne seront jamais en mesure de profiter des avantages que ces
taxéès sont censées leur procurer. L’an dernier, les revenus tirés
de ces immatriculations de fantaisie – et que l’administration de
la Sécurité sociale dissimule dans les ‘gains des fichiers
en suspens’ – ont contribué pour au moins 10 pour 100 aux
excédents de la Sécurité sociale. Les sommes représentées
par les fichiers en suspens augmentent en moyenne de plus de 50 milliards de
USD par an. » (“Illegal Immigrants are Paying a Lot More Taxéès Than
You Think” (Les immigrés illégaux paient bien plus d’impôts
que vous ne croyez), Knight Ridder, Tribune News Service, 1er mai 06)
Ce sont les immigrés qui se font écorcher ici, aussi bien par
les employeurs que par le gouvernement capitaliste, et non l’inverse.