Le dossier d’Amnesty souligne la perpétuation de la détention administrative –une condamnation (renouvelable) sans procès à six mois de prison sur la base d’informations fournies par les services de sécurité – bien qu' il s’agisse d’une méthode illégale qui viole les droits de l’homme. A l’heure actuelle, plus de 600 palestiniens sont détenus sans accusation dans des camps militaires, dans des conditions extrêmement dures. Pendant la première Intifada (1987-1993) la communauté internationale avait critiqué de façon récurrente cette pratique (des milliers de palestiniens purgèrent cette peine pendant la « révolte des pierres ») alors que pendant cette seconde révolte, elle est restée silencieuse, acceptant les raisons de Tel Aviv qui a toujours parlé d’urgence contre des attentats. Le dossier d’Amnisty indique en outre le développement et l’expansion continus des colonies dans les Territoires Occupés, toujours en violation flagrante du droit international. Le gouvernement israélien, explique l’organisation, vient juste de confirmer la prochaine construction de 3500 nouvelles habitations dans la zone de Jérusalem Est, occupée par Israël depuis 1967, et annexée postérieurement au territoire de l’état juif.
En tant que puissance d’occupation, Israël a de
plus l’obligation légale de satisfaire les besoins de base de la
population sous occupation militaire. Cette responsabilité est encore
plus grande aujourd’hui, au vu de l’aggravation préoccupante
de la situation humanitaire dans les territoires palestiniens. Au contraire,
souligne Amnesty, la construction du mur de séparation en Cisjordanie
et la fermeture du post de transit de Karni, unique passage commercial de Gaza,
aggravent la pauvreté dans la région. L’écrivain
Erri de Luca, il y a quelques semaines, a minoré la gravité de
l’impact sur la situation humanitaire de la fermeture de Karni, exercée
par l’armée israélienne pour de présumées
raisons de sécurité. De Luca a parlé de fermeture occasionnelle
alors que dans les quatre premiers mois de l’année 2006, Israël
a fermé Karin pendant plus de 60 jours, causant des pertes de plusieurs
millions de dollars pour les Palestiniens.
Enfin, Amnesty est très préoccupé par la loi sur la citoyenneté
– promulguée en 2003 et confirmée par la sentence votée
par les juges de la Cour Suprême le mois dernier, sur la base de « considérations
de sécurité » -qui interdit les regroupements familiaux
en cas de mariages entre palestiniens d’Israël – appelés
arabes israéliens - et les palestiniens des Territoires occupés.
Cette loi, qui fait directement référence à l’identité
ethnique de l’individu, concerne (et nuit à) des milliers de couples,
obligés de vivre séparément, ou de ne se retrouver qu' en
Cisjordanie ou à Gaza. Amnesty affirme que la loi sur la citoyenneté
viole l’interdiction de discrimination contenue dans le droit international
ainsi que dans plusieurs traités qu' Israël a ratifié,
et qu' il est donc obligé de respecter, parmi lesquels : la
Convention Internationale pour l’élimination de toutes les formes
de discrimination raciales, le Pacte International sur les droits civiques et
politiques, le Pacte International sur les droits économiques, sociaux
et culturels, et la Convention sur les droits de l’enfant.
Il y a quelques semaines seulement, la police a fait irruption chez un citoyen arabe (d’Israël, ndt) Mohammad Al-Heen, à Qalansua. Toute la famille, enfants compris, a été arrêtée et amenée au poste de commandement de la police. La mère a été immédiatement expulsée au poste de contrôle de Qalqiliya et séparée de ses enfants et de son mari qui a ensuite été obligé de signer une déclaration dans laquelle il s’engage à ne pas faire rentrer sa femme en Israël.
Edition de mardi 13 juin 2006 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/13-Giugno-2006/art39.html
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio