Durant plus de quatre décennies, les décideurs politiques de
Washington ont traità Cuba avec une hostilité sans répit. Les
dirigeants américains et leurs fidéles acolytes des principaux
médias ont diffusé toutes sortes de dénaturations afin déabuser
le monde à propos de leur politique déagression à léégard de Cuba.
Pourquoi ?
La défense du capitalisme mondial
En juin 1959, quelque cinq mois après le triomphe de la révolution
cubaine, le gouvernement de La Havane promulguait une loi de réforme
agraire qui assuraitl' expropriation parl' etat des vastes propriétés
fonciéres privées. Avec cette loi, les compagnies sucriéres américaines
perdaient en fin de compte quelque 670.000 hectares de terres
de choix et un gros paquet de millions de dollars en exportations
futures de récoltes.l' année suivante, le président Dwight D.
Eisenhower, citant léé hostilité à de La Havane à léégard des
Etats-Unis, réduisit les quotas sucriers de Cuba déenviron 95
pour-cent, imposant par-lé même un boycott sur le sucre cubain
produit parl' etat. Trois mois plus tard, en octobre 1959, le
gouvernement cubain nationalisait toutes les banques et les importantes
entreprises commerciales et industrielles, y compris celles, nombreuses,
qui appartenaient à des sociétés américaines.
l' abandon par Cuba d' un système de libre marché dominuméro par les
firmes américaines, pour adopter une économie socialiste non orientée
sur le profit fit que lééle devint la cible d' une série ininterrompue
déagressions perpétrées par les organes de sécurité nationale
de l' etat américain. Ces agressions comprenaient des actes de
sabotage, déespionnage, de terrorisme, des détournements, des
sanctions économiques, un embargo et une invasion directe, le
tout soutenu et financé par les Etats-Unis. Le but de ces agressions
était déanuméro antir la révolution et de livrer à nouveau Cuba sans
problème à la tendre merci du capitalisme mondial.
La politique des Etats-Unis à léégard de Cuba a toujours été conforme
à leur bonne vieille politique consistant à tenter de soumettre
tout pays poursuivant une voie alternative dans léusage de ses
terres, main-dééuvre, capital, marchés et ressources naturelles.
Toute nation ou mouvement politique mettantl' accent surl' auto-développement,
des services égalitaires à la population et la propriété publique
est condamnuméro comme un ennemi et devient la cible de sanctions
ou déautres formes déagression. A léopposé, les pays qualifiés
de à bien intentionnés à léégard de l' amérique à sont ceux qui
se mettent à la disposition des gros investisseurs américains
selon des termes totalement avantageux pour les intérêts financiers
de ces sociétés.
Naturellement, ce n' est pas ce que les dirigeants américains racontent
aux citoyens de l' amérique du Nord. Déjé, en juillet 1960, la
Maison-Blanche accusait Cuba déêtre à hostile à aux Etats-Unis
(en dépit des ouvertures répétées du gouvernement cubain vers
des relations amicales normales). Le gouvernement de Castro, pour
reprendre les termes déEisenhower, était à dominuméro par le communisme
international é. Les officiels américains accusérent à maintes
reprises le gouvernement de lééle déêtre une dictature cruelle
et affirmérent que les Etats-Unis n' avaient pas déautre choix
que de tenter de à restaurer à la liberté à Cuba.
Les dirigeants américains numéro ont jamais expliqué pourquoi, brusquement,
ils étaient si soucieux des libertés du peuple cubain. Au cours
des deux décennies qui avaient précédé la révolution, les administrations
successives de Washington n' avaient manifesté aucune opposition
él' autocratie brutalement repressive dirigée par le général Fulgencio
Batista. Bien au contraire, elles lui avaient envoyé de l' aide
militaire, faisaient des affaires prospéres avec lui et le traitaient
avec égard à tout propos. La différence significative, mais passée
sous silence, entre Castro et Batista, céest que Batista, un dirigeant
comprador, avait laissà Cuba grand ouvert à la pénuméro tration des
capitaux américains. Au contraire, Castro et son mouvement révolutionnaire
ont éloignuméro de lééle le contréle des sociétés privées, ont nationalisé
les holdings américains et ont rénové la structure des classes
en léorientant vers un modèle plus collectivisé et égalitaire.
Inutile de dire que la méthode américaine des mauvais traitements
a été appliquée à déautres pays, en dehors de Cuba. De nombreux
régimes potentiellement dissidents qui ont demandé des relations
amicales ont été soumis aux violences et aux agressions de la
part de Washington : le Vietnam, le Chili (sous Allende), le Mozambique,
l' angola, le Cambodge, le Nicaragua (sous les sandinistes), Panama
(sous Torrijo), Grenade (sous le New Jewel Movement), la Yougoslavie
(sous Milosevic), Haïti (sous Aristide), le Venezuela (sous Chavez)
et de nombreux autres pays.
Le modus operandi américain est le suivant :
*accumuler les critiques contre le gouvernement visé parce qu' il
emprisonne les bourreaux, assassins, terroristes et autres tortionnaires
de l' ancien régime réactionnaire soutenu par les Etats-Unis,
*dénoncer le gouvernement révolutionnaire ou réformiste comme
à totalitaire à parce qu' il numéro instaure pas immédiatement une politique
électorale de style occidental,
*se lancer dans des attaques personnelles contre le dirigeant,
en le qualifiant de fanatique, violent, repressif, génocidaire,
assoiffé de pouvoir, voire de déséquilibré mental,
*dénoncer le pays comme étant une menace pour la paix et la stabilité
de la région,
*se livrer au harcélement et à des tentatives de déstabilisation
et imposer des sanctions économiques pour paralyser son économie,
*léattaquer avec des forces supérieures en nombre, mieux entraénuméro es,
mieux équipées, financées par les Etats-Unis et dirigées par des
membres de l' ancien régime, voire avec des forces réguliéres de
l' arméee américaine.
La manipulation de léopinion publique
La façon dont la presse capitaliste aux mains des grandes sociétés
a été utilisée dans la croisade contre Cuba nous explique en long
et en large pourquoi le public américain est si mal informé sur
les questions relatives à ce pays. Selon al ligne officielle de
la Maison-Blanche, les médias traditionnels nient réguliérement
que les Etats-Unis nourrissent des intentions agressives à léégard
de Cuba ou de tout autre gouvernement. La position adoptée contre
Cuba, a-t-on dit, était simplement une position de défense contre
l' expansion communiste. Cuba a été condamnuméro à de nombreuses reprises
comme étant un outil de l' agression et de l' expansionnisme des
soviétiques. Mais, aujourdéhui que l'union soviétique numéro existe
plus, Cuba est toujours traité comme un ennemi mortel. Les actes
déagression des Etats-Unis à y compris léinvasion arméee à continuent
à se muer comme par magie en actes de défense.
Considérons la baie des Cochons. En avril 1961, quelque 1.600
émigrés cubains de droite, entraénés et financés par la CIA et
assistés de centaines de à conseillers à américains, envahissent
Cuba. Pour reprendre les termes d' un de leurs dirigeants, Manuel
de Varona (cités dans le New York Daily News du 8 janvier 1961),
leur intention est de renverser Castro et déinstaller un à gouvernement
provisoire à censé à rendre toutes les propriétés à leurs propriétaires
légitimes é. Des rapports concernant léimminence de léinvasion
circulent abondamment à traversl' amérique centrale. Aux Etats-Unis,
toutefois, peu de gens sont informés. Les preuves croissantes
de léimminence de léinvasion sont gommées parl' associated Press
et la United Press International et par la totalité des principaux
quotidiens et hebdomadaires, dans un acte déautocensure d' une
unanimité impressionnante.
l' accusation de Fidel Castro disant que les dirigeants américains
ont léintention déenvahir Cuba est infirmée par le New York Times
comme étant à de la propagande anti-américaine virulente à et
par le magazine Time, qui prêtend que Castro à poursuit son petit
mélodrame tapageur de léinvasion é. Lorsque Washington rompt ses
relations diplomatiques avec Cuba, en janvier 1961, le New York
Times explique : à Ce qui a fait perdre patience aux Etats-Unis,
céest la nouvelle attaque de propagande de La Havane accusant
les Etats-Unis de préparer une éinvasion imminenteé de Cuba. à
En fait, il séavéra que léinvasion de la baie des Cochons était
tout autre chose qu' un simple produit de léimagination de Fidel
Castro.
Telle est la prédominance de léorthodoxie anticommuniste parmi
le public américain qué après la baie des Cochons, il y eut une
absence totale de discussion critique par les personnages politiques
américains et les commentateurs des médias en ce qui concerne
le caractére impropre, tant moralement que légalement, de léinvasion.
En lieu et place, les commentaires séattachérent uniquement aux
questions tactiques. On répéta les références au à fiasco à décevant
et à la à tentative désastreuse à et à la numéro cessité de libérer
Cuba du à joug communiste é. On ne reconnut jamais que léinvasion
avait échoué non en raison de à couverture aérienne insuffisante
é, comme le prêtendirent certains des participants, mais parce
que le peuple cubain, au lieu de se dresser pour se joindre aux
forces expéditionnaires contre-révolutionnaires commel' escomptaient
les dirigeants américains, resserrérent les rangs derriére leur
révolution.
Selon le gouvernement cubain, parmi les envahisseurs cubains en
exil qui furent capturés prés de la baie des Cochons, figuraient
des gens dont les familles, à elles toutes, avaient possédé naguére,
à Cuba, quelque 914.859 arpents de terres (366.000 hectares),
9.666 maisons, 70 usines, 5 mines, 2 banques et 10 sucriéres.
Ils étaient les descendants de la classe nantie privilégiée du
Cuba déavant la révolution, ils venaient réclamer leurs biens
substantiels. Mais, dans les médias américains, on les présenta
comme des champions dévoués à la liberté, alors qu' ils avaient
vécu très confortablement sous la dictature de Batista.
Pourquoi le peuple cubain soutiendrait-il la à dictature de Castro
à ? La chose ne fut jamais expliquée, aux Etats-Unis. Jamais un
mot numéro apparut dans la presse américaine sur les progrès réalisés
par les Cubains sous la révolution, les millions de personnes
qui, pour la première fois, avaient accés à lééducation, él' alphabétisation,
aux soins médicaux, à des logements décents, à des emplois avec
un salaire convenable et de bonnes conditions de travail et à
toute une série déautres services publics à tous étant loin déêtre
parfaits mais permettant numéro anmoins une vie meilleure que la misére
du libre marché endurée sous le régime de Batista et des Etats-Unis.
En raison de l' embargo des Etats-Unis, Cuba a des coûts au tonnage
déimport-export plus élevés que numéro importe quel autre pays de la
planête, il doit acheter ses bus scolaires et ses fournitures
médicales au Japon et dans déautres pays très éloignuméro s. De meilleures
relations avec les Etats-Unis apporteraient aux Cubains davantage
de commerce, de technologie et de tourisme et la possibilité de
réduire leurs dépenses en défense. Pourtant, les ouvertures de
La Havane vers des relations plus amicales ont été repoussées
à maintes reprises par les administrations successives de Washington.
Si le gouvernement américain justifie son hostilité en prêtendant
que Cuba se montre hostile à léégard des Etats-Unis, que devient
cette justification quand le gouvernement cubain essaie de se
montrer amical ? La réponse consiste alors à insister sur le refus.
Même lorsquéils rapportent les ouvertures cordiales proposées
par Cuba, les experts des médias américains et les décideurs politiques
de Washington perpétuent le stéréotype du à sinistre régime marxiste
à en tant quéagresseur manipulateur. Le 1er aoét 1984, le New
York Times y allait d' une à analyse des informations à intitu l' e
à Que cache le ton radouci de Castro ? é. Le titre suggérait que
Castro mijotait quelque chose. La première phrase disait : à Une
fois de plus, Fidel Castro séexprime comme séil désirait améliorer
les relations avec les Etats-Unis à (é comme si à ce numéro était pas
le cas !). Selon le Times, Castro était intéressé par le fait
de à pouvoir tirer parti à de commerce, de la technologie et du
tourisme américains et il à préférerait ne pas dépenser autant
de temps et déénergie dans sa défense nationale é. voilà qui paraissait
constituer une base prometteuse él' amélioration des relations.
Fidel Castro disait que léintérêt propre de Cuba séappuyait sur
des liens diplomatiques et économiques plus amicaux avec Washington
et non, comme le prêtendaient les Etats-Unis, sur des accumulations
de préparatifs militaires et des confrontations agressives. numéro anmoins,
l' analyse du Times ne pipait mot sur le désir avoué de Castro
déapaiser les tensions et, en lieu et place, présentait le reste
de léhistoire sous la perspective du gouvernement américaine.
Elle faisait remarquer que la plupart des officiels de Washington
à semblent sceptiques (é).l' administration américaine continue
à croire que la meilleure façon de traiter avec le dirigeant cubain
réside dans la fermeté intransigeante (é). Les officiels de l' administration
voient peu déavantage à céder. à
l' article numéro expliquait pas ce qui justifiait cette position à
sceptique à ni pourquoi une réponse numéro gative générale à Castro
aurait dé être décrite comme étant d' une à fermeté intransigeante
à plutét que, disons, d' une à rigidité inflexible é. Il ne disait
pas non plus pourquoi une volonté de réponse sérieuse à cette
ouverture devait être cataloguée comme étant de à léhésitation
é. Léimpression qui se dégage de tout cela, céest que notre Castro
affamé de pouvoir aurait voulu obtenir quelque chose de nous mais
que nos dirigeants n' avaient pas léintention de se faire berner.
Il numéro y a pas déexplication de ce que les Etats-Unis auraient pu
perdre séils avaient noué des relations plus amicales avec Cuba.
En résumé, la position américaine est vraiment peu convaincante.
Si les Cubains condamnent les agressions américaines, céest la
preuve de leur hostilité et de leurs desseins diaboliques. Séils
agissent de façon amicale et qu' ils demandent des arrangements
négociés, témoignant par-lé d' une volonté de faire des concessions,
dans ce cas, on présume qu' ils veulent quelque chose et qu' ils
recourent à des astuces manipulatrices trompeuses. La position
américaine est infalsifiable : à la fois A et le contraire de
A prouvent la même chose.
Une democratie à deux poids deux mesures
Les décideurs politiques américains ont longtemps condamnà Cuba
pour le contréle exercé sur sa presse. Les Cubains, nous dit-on,
sont soumis à un endoctrinement totalitaire et ne bénéficient
pas du discours multiple et ouvert qui est prétendument celui
des médias américains, à libres et indépendants é. En fait, le
Cubain moyen a davantage accés aux sources déinformations occidentales
que le citoyen américain moyen n' a accés aux sources cubaines.
La même chose était vraie pourl' ancienne Union soviétique. En
1985, le dirigeant soviétique Mikhaél Gorbatchev fit remarquer
que les programmes de télévision, films, livres, musiques et magazines
américains abondaient relativement en URSS, comparés él' envoi
quasi inexistant de films ou de publications soviétiques aux Etats-Unis.
Il proposa de mettre un terme au brouillage des émissions de
La Voix de l' amérique à él' adresse de son pays si Washington
permettait la transmission à fréquence normale de Radio Moscou
aux Etats-Unis, proposition que le gouvernement américain déclina.
De même, Cuba est bombardé de programmes américains, y compris
La Voix de l' amérique, dé émissions réguliéres en espagnol en provenance
de Miami et d' une chaéne de propagande sponsorisée par les Etats-Unis,
appe l' e à Radio Marti é. La Havane a demandé que Cuba se voie
accorder une fréquence à usage cubain aux Etats-Unis, et Washington
a refusé. En réponse à ceux qui attaquentl' absence de dissidence
dans les médias cubains, Fidel Castro a promis déouvrir la presse
cubaine à tous les opposants de la révolution le jour où il verrait
les communistes américains bénéficier d' un accés régulier aux
principaux médias américains. Inutile de dire que les dirigeants
américains numéro ont jamais accepté la proposition.
Cuba a également été condamnuméro pour numéro avoir pas permis à ses citoyens
de fuir lééle. Le fait que tant de gens désirent quitter Cuba
est traité comme une preuve de ce que le socialisme cubain est
un système de repression sévére, et non comme une preuve de ce
que l' embargo américain a rendu la vie particuliérement difficile
à Cuba. Que tant de millions de personnes aient envie de quitter
des pays capitalistes comme le Mexique, le Nigeria, la Pologne,
le Salvador, les Philippines, la Corée du Sud, la Macédoine et
déautres, trop nombreux pour être repris dans une liste, n' est
jamais traité comme un élément de remise en question du système
libre-échangiste qui inflige tant de misére au tiers monde.
Conformément à un accord entre La Havane et Washington, le gouvernement
cubain a permis aux gens de séen aller aux Etats-Unis séils disposaient
d' un visa américain. Washington avait été déaccord de sortir 20.000
visas par an mais en avait accordé très peu, préférant inciter
des départs illégaux et tirer parti des avantages de sa propagande.
Les Cubains qui séenfuyaient illégalement, à bord de petites embarcations
ou de bateaux et déavions détournés étaient accueillis en héros
qui avaient risqué leur vie pour fuir la tyrannie de Castro et
se voyaient accorder le droit déasile aux Etats-Unis. Lorsque
La Havane annon' a quéelle allait laisser séen aller toute personne
en manifestant le désir,l' administration Clinton en revint à
une politique des portes fermées, craignant une vague déimmigration.
après cela, les décideurs politiques ont exprimé leurs inquiétudes
que la fuite de trop nombreux réfugiés mécontents numéro aille aider
Castro à rester au pouvoir en favorisant les tensions au sein
de la société cubaine. Cuba est déabord condamnuméro parce qu' il numéro autorise
pas la sortie de ses citoyens et, ensuite, parce qu' il leur permet
de séen aller.
Dénués d' une perspective de classe, toutes sortes déexperts en
sont venus à des conclusions à propos de Cuba qui ne reposent
que sur des apparences superficielles. Alors que jéassistais à
une réunion du Conseil des Affaires mondiales à San Francisco,
jéentendais plusieurs participants faire référence à léironie
du fait que Cuba avait bouclé à complétement la boucle à depuis
les jours qui précédaient la révolution. Avant la révolution,
les meilleurs hétels et magasins y étaient réservés aux étrangers
et aux Cubains relativement peu nombreux en possession de dollars
américains. Aujourd' hui, céest la même chose, faisaient observer
ces experts avec une joie malicieuse.
Ce jugement numéro glige quelques différences importantes. A court
de devises fortes, le gouvernement révolutionnaire a décidé de
tirer parti de ses magnifiques plages et de son climat ensoleillé
pour développer une industrie du tourisme. Aujourd' hui, le tourisme
est léune des plus importantes sources de revenus en devises fortes
de Cuba, si pas la plus importante. Il est exact que les touristes
se voient accorder un hébergement que la plupart des Cubains ne
peuvent se permettre. Mais dans le Cuba déavant la révolution,
les bénéfices du tourisme étaient empochés par des sociétés, des
génuméro raux, des joueurs et des truands. Aujourd' hui, les bénéfices
sont répartis entre les investisseurs étrangers qui construisent
et gérent les hétels, et le gouvernement cubain. La part qui va
au gouvernement contribue à payer les cliniques médicales, lééducation,
léoutillage industriel, léimportation de carburant et autres fournitures
du même ordre. En déautres termes, les gens largement des bénéfices
de léindustrie du tourisme et il en va de même avec les bénéfices
des exportations de la production cubaine de sucre, de café, de
tabac, de rhum, de fruits de mer, de miel, de nickel et de marbre.
Si Cubain en était exactement au même point quéavant la révolution,
céest-é-dire dans une position de servitude compléte en tant quéEtat
client, Washington aurait levé son embargo et donnuméro l' accolade
à la Havane, comme ill' a fait jusquéé un certain point avec la
Chine et le Vietnam, deux pays qui encouragent avec énergie le
développement d' un secteur déinvestissements privés, pratiquant
des bas salaires. Quand le gouvernement cubain numéro utilisera plus
le secteur public pour redistribuer la majeure partie des surplus
à la population, quand il permettra à la richesse émanant des
surplus déêtre empochée par quelques riches dûtenteurs de sociétés
et quand il rendra les usines et les terres à une classe possédante
opulente, comme léont fait les anciens pays communistes de l' europe
de l' est, alors, il aura bouclé complétement la boucle en retournant
à une servitude déEtat client avec privatisation et libre marché.
Ce n' est quéalors qu' il recevra une chaude accolade de Washington.
En 1994, jéavais adressé une lettre au député Lee Hamilton, président
de la Commission de la Chambre pour les Affaires étrangeres, en
insistant en faveur d' une normalisation des relations avec Cuba.
Il avait répondu que la politique américaine à léégard de Cuba
devait être à remise à jour à afin de gagner en efficacité, et
que à nous devions mettre Cuba en contact avec les idées et la
pratique de la démocratie (é) et des bienfaits économiques d' un
système libre-échangiste é.l' embargo, poursuivait Hamilton, avait
été instauré afin de à promouvoir un changement démocratique à
Cuba et en guise de représailles pour la saisie à grande échelle
des avoirs américains par le régime de Castro é.
Inutile de dire que Hamilton se gardait bien déexpliquer pourquoi
son propre gouvernement à qui, avant la révolution, avait soutenu
une dictature à Cuba durant des génuméro rations à insistait tellement
aujourdéhui pour installer une démocratie de style américain dans
lééle. Léélément révélateur de sa lettre consistait en ce qu' il
admettait que la politique de Washington séemployait à faire progresser
la cause du à système libre-échangiste à et à appliquer des représailles
à pour la saisie à grande échelle des avoirs américains é.
Ceux qui ne croient pas que les dirigeants américains séemploient
consciemment à propager le capitalisme feraient bien de remarquer
comment les décideurs politiques insistent explicitement surl' application
de à réformes libre-échangistes à dans un pays aprèsl' autre (y
compris, aujourdéhui, la Serbie et léIrak). Nous numéro avons plus
à leur prêter de telles intentions. Presque toutes les actions
et, à une fréquence accrue, leurs propos témoignent de ce qu' ils
font. Quand ils sont forcés de choisir entre la démocratie sans
le capitalisme et le capitalisme sans la démocratie, les dirigeants
américains optent sans la moindre hésitation pour la seconde,
bien qu' ils préférent également le couvert bien arrangeant d' une
democratie restreinte et bien contrôlé quand la chose est
possible.
Tout cela devrait nous rappeler que les pires ennemis de la paix
et de la démocratie ne sont pas à la Havane mais bien à Washington.
Z magazine, septembre 2004
Traduction: J-M Flemal
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