Appel Au sujet de l'interdiction du Parti Progressiste Unifié (PPU) que La Cour Constitutionnelle Corée du
Sud vient de prononcer .

En elle-même une telle mesure est d'une extrême
gravité dans la mesure où elle intervient dans un
des domaines essentiels de la liberté d'association. Elle
ne peut être qu'exceptionnelle, et sous le respect de toutes
les garanties démocratiques essentielles telles que proclamées
par les textes internationaux porteurs de la conscience universelle.
Or, selon nos informations, c'est loin ici d'être le cas.
Les conditions mêmes dans lesquelles cette mesure a été
prise, sans avoir été précédée
d'un débat contradictoire assurant le plein exercice des
droits de la défense, constituent une grave atteinte au droit
fondamental à un procès régulier, proclamé
par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et le
Pacte des Nations Unies du 16 décembre 1966 sur les Droits
Civils et Politiques.
Le volume de la sentence, de 347 pages, est aussi contraire à
toutes les exigences de la démocratie, dans la mesure où
elle ne se prête pas à une large diffusion qui permette
à l'opinion publique d'en vérifier la légitimité.
Mais plus graves encore sont les motifs de cette décision.
En effet, il n'est reproché au PPU, et encore moins prouvé,
aucun acte délictuel concret, mais seulement de développer
des thèses de tendance socialiste, qui de ce fait seraient
la preuve d'une obédience à la Corée du Nord.
Tout d'abord, le fait de fonder la décision sur les thèses
qui sont imputées au PPU caractérise le délit
d'opinion, contraire aux droits fondamentaux sur la liberté
de conscience et d'expression proclamés par les textes internationaux
ci-dessus rappelés.
Il est d'ailleurs significatif que ces mesures ne peuvent être
prises qu'en vertu d'une loi dite de sécurité nationale,
datant de 1948 et héritée d'une période dictatoriale
qui devrait l'avoir rendue aujourd'hui obsolète.
Et l'on peut encore moins admettre que le développement de
thèses de tendance socialiste serait en soi une preuve d'obédience
à la Corée du Nord, car il faudrait alors considérer
non seulement que la Corée du Nord serait l'inspiratrice
de tous les zélateurs de courants socialistes de par le monde,
mais aussi qu'elle aurait déjà inspiré les
thèses socialistes développées depuis le 19e
siècle.
Au surplus, les principes démocratiques, universellement
consacrés par la Charte des Nations Unies, comme étant
le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes impliquent
le droit et l'utilité des débats démocratiques
sur les formes dans lesquelles doit et peut s'exercer cette libre
disposition. C'est également à ce droit fondamental
que porte atteinte l'interdiction d'un parti sous prétexte
qu'il serait porteur de certains termes de ce débat.
Enfin le grief d'obédience à la Corée du Nord
au seul motif de ces thèses est d'autant plus surprenant
et irrecevable que dans le même temps les autorités
sud-coréennes se déclarent favorables à un
dialogue entre les gouvernements des deux Corées, que cela
répond au droit du peuple coréen en son ensemble à
disposer de lui-même, et que l'article IV de l'accord de cessez-le-feu
de 1953 recommandait aux deux gouvernements de tenir dans les trois
mois une conférence au niveau le plus élevé
pour résoudre la question coréenne
Toutes ces raisons nous dictent de faire valoir aux autorités
de Corée du Sud combien cette interdiction, et plus encore
l'ensemble des mesures de répression politique qui en sont
le cortège peuvent porter atteinte à l'image démocratique
dont elles se revendiquent, et de rétablir le PPU et ses
membres dans l'intégralité de leurs droits et libertés.
Le Comité d'initiative contre la répression politique en Corée du Sud
Président :
Jean Salem
Vice-présidents :
Samir Amin
Bernard Cassen
Robert Charvin
François Houtart
Roland Weyl
Autres membres :
Claire Alby
Francis Arzalier
Liliane Boussel
Maurice Cukierman
Patrick Kuentzmann
Nguyen Dac Nhumai
Walid Okais
Benoît Quennedey
Chitro Shahabuddin
Sylvie Zarkan
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