INTERVENTION SUR LA SITUATION AU MALI Amadou Seydou Traoré Bamako le 25 mai 2012Le Mali connaît en 2012 une situation dramatique :
toute la sous région saharienne et sahélienne est déstabilisée.
Un soulèvement militaire à Bamako a aggravé le désordre
social et politique ; la sécession armée du nord saharien
a amené les autorités maliennes fragilisées à quémander
l’intervention étrangère (CDAO, et puissances occidentales).
Nous vivons un véritable drame national, face à
un accident historique. Le Mali est dans une situation terrible. Ça brule
au Nord. Le Mali, où il n'y pas de différence entre sonrhaï,
kel tamashek, bobo, dogon, bozo, peulh, bamanan, malinké, soninké,
sénoufo, minianka, etc ; c'est ce Mali que nous sommes en train
de perdre. La situation est très grave, il faut prendre le taureau par les cornes. Il est vrai qu' on ne peut ignorer ni la CEDEAO, ni l'UA, mais il faut que l'essentiel vienne de nous d'abord. Cela fait plus de 3 mois depuis le 17 janvier 2012 que le Nord est occupé. Nos frères souffrent atrocement. Encore aujourd’hui aucune mesure significative n’est encore prise. Aucune partie du peuple n'a la souveraineté nationale. Il est donc important d'obtenir une réunion de toutes les sensibilités du pays pour se parler franchement. Il urge de rassembler le peuple Malien pour lui permettre de prendre en mains son destin au lieu de laisser se prolonger dangereusement le tête-à-tête CNRDRE- CEDEAO qui vient d’entraîner des dérives graves et de prolonger les souffrances pour le peuple déjà meurtri. Pendant ce temps des avantages scandaleux sont accordés aux putschistes, rien pour le peuple, même pas le respect. Nous sommes des personnes ayant le patriotisme rivé au coeur, sûres d’assumer leur devoir sacré de génération en ces circonstances gravissimes, des personnes qui n’obéissent qu' à leur conscience et à leur foi. Notre contribution au débat national doit être marquée du sceau de la responsabilité, de la dignité, de la sérénité. Nous vivons un véritable drame national face auquel, c’est le pays, le peuple qui compte ; rien d’autre. Pour cela il faut faire en sorte que le peuple se retrouve dans son ensemble pour répondre aux questions essentielles. Au lieu de nous déchirer entre pro-putsch et anti-putsch, pro-CEDEAO et anti-CEDEAO, entre pro et anti MP22, COPAM, FDR, ADPS, etc ….., posons nous les vraies questions et répondons y vite et bien. qu' est que nous envisageons pour notre pays ? Comment le faire ? Les 20 ans de IIIème République ont montré leur limite. Aussi bien sous la forme de «gestion concertée du pouvoir» qui a capoté et succombé à des dérives qui ont enfanté le COPPO en 1997, que sous la forme du fameux «consensus» qui a enfanté la déliquescence de l’État et le putsch du 22 mars 2012, le constat d’échec est patent. Nous sommes donc interpellés par l’Histoire qui vient d’inscrire comme exigence, un changement total, une remise en ordre du pays, sur de nouvelles bases, en respect des principes et en harmonie avec notre culture. L’équation à laquelle nous faisons face est complexe et l’avenir du Mali dépend de sa juste solution. Il ne s’agit pas d’imaginer des arrangements savants, des montages politiciens, des rafistolages malins. On sait qu' en multipliant les arrangements on finit par déranger la République. Donc il ne s’agit pas d’arranger, il faut régler les problèmes que pose l’Histoire, avec courage et détermination. Autant de choses qui exigent aujourd'hui que la Nation malienne toutes tendances confondues se retrouver pour tenir des Assises nationales, restaurer l'unité nationale, relancer les activités dans tous les domaines. Nous faisons face fondamentalement à trois problèmes 1) Un Problème institutionnel à Bamako Les décisions doivent être prises dans l’urgence,
toutes sensibilités confondues. La seule garantie c’est le rassemblement
du Peuple Malien car aucune partie du peuple ne peut incarner ou exercer la
souveraineté. Il faut de toute urgence rendre au peuple l’exercice
de sa souveraineté. Le problème doit être résolu
entre MALIENS d’abord. Tout doit être débattu aux assises
nationales où il faut : Les assises nationales que nous proposons doivent dégager
les grandes orientations de la transition en définissant un programme
cohérent, précis, pratique, ayant le soutien de la Nation tout
entière. Les assises nationales doivent définir : L’armée n’est pas le pouvoir ; c’est
une force au service de l’exécutif ou ce n’est pas une armée
républicaine. Le putsch du 22 mars 2012 est la conséquence d’une
situation qui ne pouvait pas durer. C’est pourquoi on ne peut pas condamner
définitivement la junte. Aidons-la avec beaucoup de franchise à
retrouver la place qui lui revient dans la défense et la reconstruction
du pays. On n’a pas besoin de diplomatie pour cela.
Le programme de Transition doit s’attaquer à
3 questions prioritaires : DE LA COMMUNICATION Les populations pour la plupart ont perdu foi en tout. C'est
pourquoi des émissions comme «Top Etoile» grand sumu, samedi
loisirs, etc continuent. Les gens attendent tout d'ailleurs, et presque rien
d'eux-mêmes. On a l’impression qu' à Bamako il n’y
a que la civilisation du loisir et du plaisir. Cela pendant que le pays est
en guerre. La presse, l'information ont un rôle très important. Il faut concevoir des programmes de radio et télévisons en rapport avec la situation dramatique que vit la Nation. Donc il faut impérativement adopter de nouveaux programmes patriotiques. qu' on ne voit plus ces griottes chamarrées d’or. Châteaubriant a dit : chaque fois qu' une civilisation de plaisir et de loisir, se déploie dans un pays…soyez sûrs que ce pays est appelé à connaître des lendemains sombres. » Par ailleurs, il faut donner à l'ORTM une ligne éditoriale
correcte, orienter l'information sur la sensibilisation par rapport à
la crise, sur les valeurs fondamentales de la Nation. La même ligne éditoriale
doit être acceptée par tous les organes de la presse privée
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